Testament d'Esprit Calvet - 4

Fournitures à faire par la bibliothèque

Les livres à acquérir pour ma bibliothèque seront au choix du conseil des huit ; ceux de médecine suffiront pour le moment, en attendant les occasions ; ils sont choisis, quelques uns chers et assez en nombre ; ma bibliothèque fournira, sans abus, de l'encre et du papier aux lecteurs connus qui feront des extraits des livres.

Prohibition de vendre des terres, mais faculté de céder des capitaux pour achats de livres

S'il se présentait quelque grande bibliothèque à vendre, telle qu'autrefois celle de M. de Mazaugues, et plus récemment celle de M. de Cambis et d'Aubaïs, où il y eût de grands corps d'ouvrages, surtout les collections académiques, on ferait des efforts pour l'avoir ; mais cette riche acquisition ne pouvant peut-être avoir lieu sans toucher aux fonds de mes biens, on se bornerait à céder de l'argent comptant et des capitaux sans vendre des terres.

Désignation de MM. Guérin et Costaing pour montrer les cabinets

Pour montrer les cabinets les jours d'entrée, mon sentiment est de ne faire choix que de M. Joseph-Benezet-Xavier Guérin, docteur en médecine et professeur en botanique, ou de M. Jean-Joseph-François Costaing, comme les plus expérimentés de la ville sur ces objets ; leurs honoraires sera assigné et payé par la ville.

Objets à conserver

On gardera en nature, pour mes cabinets, mes deux grandes tabatières d'or, l'une ovale, l'autre carrée ; il est vraisemblable que je disposerai de mon vivant de la troisième plus petite de ma mère. Mes pierres gravées, montées ou non, seront aussi conservées après un choix ; la grande agate, qui porte une inscription grecque en relief, du nombre de celles qu'on appelle pierres d'érudition, est à la tête des morceaux antiques qu'on doit distinguer ; il sera bon de fermer à clef sous des verres, sans luxe, les petits objets précieux. Ce qui restera de ma vaisselle d'argent, après les legs, sera vendu au profit de ma bibliothèque et ses cabinets.

Legs à l'oeuvre de bienfaisance

Toutes les espèces de créances, fonds, capitaux, pensions, restitutions, etc., dont je n'ai pas disposé ci-dessus et que j'indiquerai ci-après, seront consacrées à perpétuité à l'oeuvre de bienfaisance de cette ville d'Avignon, toujours sans garantie, soit pour les fonds et pensions, soit pour les frais de liquidation en cas de procès ; l'argent comptant ne sera point compris dans ces dons, non plus que les lettres de change et billets à ordre ; je les applique à ma bibliothèque et aux cabinets.
Comme il se pourrait que l'administration de la bienfaisance se refusât à liquider certains de ces capitaux, dans cette supposition je casse et révoque le don de celui ou de ceux dont cette œuvre ne sera pas d'avis de poursuivre la liquidation ; je les lègue et laisse, sans cautionnement, à la ville d'Avignon pour les pauvres honteux bien choisis ; malgré ce changement d'application, s'il y a lieu, la moitié du tiers consolidé restera au profit de la Bienfaisance, toujours sans éviction ni garantie.
[...]
Je borne le présent testament aux disposition consignées ci-dessus, ne cessant point d'ordonner que les fonds et revenus de biens soient appliqués sans réserve à leur destination, et jamais par quelque événement que ce soit à aucun particulier, parent ou non, ni corps académiques, lycées ou autres, et surtout à aucune œuvre pie autre que la susdite.

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